Les jeunes de moins de 30 ans et les femmes représentent désormais 23% et 40% des clients de Boursorama, dont les afficionados étaient auparavant surtout des hommes, résidant en région parisienne.
Un homme d’une quarantaine d’années, plutôt parisien, plutôt « bobo » (bourgeois-bohème)… Tel était le portrait-robot des clients des banques en ligne, il y a encore quelques années. Aujourd’hui, « nos clients sont de plus en plus représentatifs de la population française », s’est félicitée Marie Cheval, directrice générale de Boursorama, mardi 16 février, à l’occasion de la présentation de l’activité annuelle de la filiale de banque en ligne de la Société générale. De fait, 45% des 168.000 Français qui ont rejoint la clientèle de Boursorama en 2015 sont en réalité des Françaises. Ce qui porte à 40% la part des femmes dans le stock de clients de la filiale numérique de la Générale, un stock qui s’établissait à 757.000 en fin d’année dernière, au lieu d’un objectif initial de 750.000.
La clientèle de Boursorama ne tend pas seulement à se féminiser, elle compte également davantage de jeunes : les moins de 30 ans ont représenté 42% des nouveaux clients l’an dernier, si bien qu’ils pèsent désormais près du quart (23%) du stock de clients de la banque dirigée par Marie Cheval. Une tendance que cette dernière entend bien encourager, via, notamment, des partenariats avec des acteurs de l’économie collaborative, à l’image de l’accord signé au mois de décembre avec le numéro un mondial du covoiturage BlaBlaCar. A l’autre extrémité, Boursorama voit également la proportion des seniors (âgés de plus de 60 ans) croître au sein de sa clientèle, à près de 20% à la fin de l’année 2015. Enfin, les Parisiens ne sont plus surreprésentés, la part des clients habitant en région s’élevant aujourd’hui à 62%, contre 59% un an auparavant.
Les Français ont dû acquitter 186,20 euros de frais bancaires en moyenne, en 2015
Si la typologie de la clientèle de la banque en ligne évolue à ce point, c’est d’abord en raison de la généralisation de l’usage des smartphones. Homme ou femme, jeune ou plus âgé, « presque tout le monde possède aujourd’hui un smartphone », résume Marie Cheval. Or pas moins de 45% des connexions entre Boursorama et ses clients s’effectuent depuis un appareil mobile. Ensuite, l’argument prix joue bien évidemment. D’après le comparateur de tarifs bancaires Panorabanques.com, Boursorama a coûté l’an dernier à ses clients la bagatelle de 12,50 euros, quand l’ensemble des Français ont dû acquitter 186,20 euros de frais bancaires. Et l’écart risque de s’accentuer encore, en raison de la récente généralisation des frais de tenue de compte dans les banques traditionnelles. « Cela a joué très clairement dans l’accélération de la hausse du nombre de nouveaux clients de Boursorama, depuis le début de l’année », confirme Marie Cheval.
Cette compétitivité joue un rôle d’autant plus important que les clients qui recommandent leur banque à leurs proches vantent deux fois plus ses tarifs que les services additionnels qu’elle est susceptible de proposer, selon une étude du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman. Revers de la médaille, les banques en ligne ont moins de latitude que les établissements traditionnels pour compenser l’impact des taux d’intérêt très bas sur leurs marges par une hausse des commissions. « Notre produit net bancaire (PNB, l’équivalent du chiffre d’affaires) est constitué à hauteur de 90% de marges d’intérêt », reconnaît Marie Cheval. Un PNB qui a tout de même progressé de 5% en 2015, à 176,4 millions d’euros, grâce à la marge d’intérêt réalisée sur les crédits immobiliers, dont les encours ont grimpé de 27% l’an dernier, à 3,4 milliards d’euros.
Des perspectives qui stimulent la concurrence
Précisément, c’est aussi parce qu’elles ont élargi leur offre que les banques en ligne sont parvenues à diversifier leur clientèle. Le métier historique de Boursorama, c’était le courtage, ce qui explique pourquoi la clientèle de la banque en ligne était plutôt masculine, à la base. Mais aujourd’hui, elle propose une offre bancaire complète, de l’assurance-vie à la prévoyance, en passant par les comptes-courants et le crédit. En attendant, au second semestre 2016, le lancement d’une offre pour les professions libérales et les entrepreneurs indépendants, qui « utilisent la banque au quotidien d’une façon assez similaire à celle des particuliers », explique Marie Cheval. Aussi les banques en ligne sont-elles désormais « considérées comme des banques à part entière » par les Français, affirmait au mois de décembre une étude du cabinet de conseil Simon Kucher, selon laquelle 30% des clients de banque en ligne interrogés ont fait de celle-ci leur banque principale.
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La suite de l’article : La banque en ligne se démocratise
La Tribune – 18/02/2016