Près de 5% des Français ont déjà ouvert un compte dans une banque en ligne et 15% seraient prêts à le faire. La révolution du tout numérique fera-elle sauter la banque traditionnelle ?
Le digital fera-t-il sauter la banque ? Suspendus à leur smartphone, les Français désertent de plus en plus le traditionnel guichet pour gérer leur argent en direct, au doigt et à l’œil. À en croire une récente étude de Médiamétrie, c’est même devenu chez certains une manie : 5,5 millions se connectent quotidiennement sur le site de leur banque, passant plus de 7 minutes par jour à consulter leur compte.
Économie de temps, besoin d’immédiateté, le canal digital est plébiscité au détriment de l’agence qui n’attire plus le client qu’en cas d’extrême nécessité : en 2007, 62% s’y rendaient au moins une fois par mois, ils ne sont plus que 17% à faire le déplacement aujourd’hui, le plus souvent pour régler un problème administratif, soulignait, en juillet, le cabinet Bain & Company.
Conclusion de Benoît Legrand, patron de ING France (1) : «Toutes les conditions sont réunies pour annoncer la fin prochaine de la banque à l’ancienne. La crise financière de 2008 a cassé la confiance dans le modèle classique et la révolution numérique a transformé le consommateur en consom-acteur, soucieux de reprendre le contrôle de son argent.» La «banque à papa», c’est fini ? De ce remue-ménage, les établissements en ligne semblent en tout cas tirer leur épingle du jeu.
A PEINE 1% DE L’ÉPARGNE TOTALE DES FRANÇAIS
Leader du marché national, ING Direct revendique, après quinze ans d’existence, plus d’un million de clients. Elle est talonnée par Boursorama banque, lancée en 2005, qui vise les 750 000 à la fin de l’année, tandis que Fortuneo, créée en 2009, se classe sur la troisième marche du podium avec 310 000 clients. Certes, le poids de ces trois leaders de la e-banque reste faible comparé aux 8 millions de comptes gérés par la Société Générale ou aux 7 millions ouverts chez BNP Paribas.
La comparaison est encore plus défavorable si l’on tient compte d’un encours cumulé qui plafonne à 40 milliards d’euros, soit à peine 1% de l’épargne totale des Français. «Mais plus que le stock, c’est le flux qui mesure le succès», plaide Benoît Legrand. «Dans un marché saturé, où la mobilité bancaire est faible et peu encouragée, les banques en ligne connaissent la croissance la plus soutenue, drainant un compte ouvert sur trois», ajoute-t-il.
Le phénomène pourrait ne pas s’arrêter là puisque 15% de clients se disent prêts à migrer vers une banque en ligne, et même 19% chez les 25-54 ans, selon l’institut Audirep. «Cet engouement tient d’abord à une offre bon marché», souligne Daniel Pion, associé spécialiste de la banque de détail chez Deloitte. Leur succès, les e-banques l’ont en effet bâti sur la proposition de livrets boostés, puis, quand les taux se sont mis à descendre, sur une politique tarifaire défiant toute concurrence.
DES OMISSIONS DANS LE DISCOURS MARKETING
L’étude réalisée en janvier par l’association de consommateurs CLCV montre que les frais facturés par une banque classique varient entre 66 € et 210 € quand ceux d’une banque en ligne se situent dans une fourchette de 8 € à 50 €. «Même si un ménage français ne consacre que 0,4 % de son budget à sa banque, les tarifs low cost feront toujours des émules», constate Daniel Pion. «Du low cost, oui, mais de qualité», réplique Benoît Legrand.
Son secret ? …
La suite de l’article : La banque à l’ère du 100% numérique – La Croix – 30/08/2015